Les Jeux olympiques vus par Françoise Bonetat-Chaineau, kayak dame 500 m
Françoise Bonetat est née en 1944. Elle commence le canoë-kayak en loisir avec des amis créateurs du club de Tours. Elle se lance en course en ligne et participe aux championnats de France organisés par son club en 1972 sur le nouveau bassin du Cher. Grâce à ses qualités techniques et physiques, elle entre rapidement en équipe de France et participe aux championnats du Monde en 75 où elle court en K1 et K4. Treizième aux Jeux olympiques de Montréal en 1976 en K1 500 m, elle arrête sa carrière pour raisons professionnelles. Elle pratique toujours le canoë-kayak avec ses amis sur les lacs et rivières de France.
La préparation des JO de Paris 2024 m’a fait ouvrir la valise aux souvenirs, bientôt vieux de 50 ans.
Quel plaisir de retrouver d’anciennes photos, de revoir mes anciennes pagaies en bois avec le marquage de Montréal et de retrouver certains membres de l’équipe de France à travers leurs témoignages initiés par l’AIFCK pour cette exposition.
Voici quelques impressions laissées 50 ans après.
Après les préolympiques courus en 1975 sur le nouveau bassin de Montréal en équipage avec Sylvaine Deltour où nous finissons 6ème, la fédération décide de me faire courir en K1 pour les JO de 1976 où pourtant, les chances de figurer en finale sont bien minces.
Les éliminatoires ne me permettent pas de me qualifier. Je dois passer par les repêchages où je me fais coiffer pour 22 centièmes de seconde par la concurrente canadienne.
Dans une autre série, j’aurais peut-être pu accéder aux demi-finales.
Voici les résultats de toutes les courses du kayak dame.
Malgré les problèmes familiaux à gérer en distance avec le décalage horaire, j’ai apprécié ces moments olympiques, dont la cérémonie de clôture.
Dès la fin des Jeux et après la visite des chutes du Niagara, je rentre vite en France. En effet, la reprise de la vie active comme « artisan charcutier », ma profession d’alors, m’attend.
Il faut dire que nous étions au Moyen Âge du kayak ! Pas de douche au club de Tours, juste des baraques sommaires mais dans une ambiance du tonnerre, motivante et conviviale. Pour moi, une alternance travail-entraînement qui commençait dès 5h du matin et qui ne m’a pas empêchée de faire plus de 3 000 km dans l’année 1976 dans mon kayak en bois Struer Lancer, payé par le club. La préparation physique était également intense avec au moins 6 séances d’entraînement par semaine entre footing, gym, natation et musculation.
Heureusement, un mois avant les Jeux, j’ai pu bénéficier d’une aide financière de la fédération afin de pouvoir payer une remplaçante au magasin. Un peu de répit pour la dernière ligne droite de la préparation avant les Jeux.
Avec du recul, je ne regrette rien de cette période difficile, entre travail et entraînements. Heureuse d’avoir été au bout de moi-même et sans dopage, fidèle à mes convictions.
Mais là, en août 1976, se termine pour moi le sport de haut niveau. En effet, la vie ne me permet plus de poursuivre à un tel rythme pour essayer de progresser. Je dois donc arrêter le kayak étant pourtant, à cette époque, la meilleure française en K1 dame.
Depuis, ma vie s’est enrichie de plein de belles rencontres.
Tous les 4 ans au moment des Jeux olympiques, je savoure derrière ma télé, découvrant les nouveaux sports et les exploits avec parfois les larmes aux yeux, ayant connu la douleur de l’effort.
En 2008, j’ai pleuré quand j’ai vu la première médaille olympique du K2 des filles Anne-Laure Viard et Marie Delattre à Pékin ! Je les ai accompagnées, sautant et criant sur mon fauteuil, pendant toute leur course…
Actuellement, je canote toujours avec mes fidèles amis du club de Tours, sur la Loire ou ailleurs, au gré des occasions, pour le plaisir des paysages et de la faune sauvage, sans oublier la convivialité autour du feu de camp…
Vive l’amitié. Vive le sport.
Françoise Bonetat-Chaineau Février 2024
Témoignage recueilli par Sylvaine Deltour
Les témoignages n’engagent que leurs auteurs