Les Jeux olympiques 1976 de Montréal vus par Alain Lebas K1 500 m et K2 1 000 m
Premier succès en K1 CAPS (catégorie débutants en course en ligne) à Vichy en 1968. Début d’une belle carrière ? Pas si simple, rien n’est écrit d’avance. Alain Lebas aime aussi s’amuser : les deux-roues motorisés, les copines… Le verdict tombe lors des championnats de France : il est battu par ceux qu’il battait auparavant. Profondément vexé, il ne sera plus jamais battu ni en CAPS ni en club. Début d’une motivation inébranlable et d’une très belle carrière, OUI !
Les années de préparation avant les JO de Montréal :
Aux Mondiaux de 1973, j’échoue en demi-finale du K1 1 000 m. Là, je pense qu’on aurait pu jouer en K2 1 000 m avec Didier Niquet (finaliste en K2 avec Cordebois aux JO de 1972) mais nous n’avions pas d’atomes crochus et on l’a pas fait.
Puis ce fut le Bataillon de Joinville en 1974 et les Mondiaux au Mexique où tout a vraiment commencé pour moi et quelques autres (Cipriani, Cézard, Zok en descente, etc…).
Aux Mondiaux de 1975, ce sont mes débuts avec Jean-Paul Hanquier en K2. On obtiendra une 9ème place sur 10 000 m. Nous étions tous encore très tendres en cette année préolympique.
À cette époque, je dispose d’un K1 Lancer II. En K2, c’était un Glider et ma pagaie était une Struer pale « plate ».
L’ambiance aux JO de Montréal :
Les JO de Montréal furent ma première participation aux JO. J’avais obtenu ma sélection en kayak biplace avec Jean-Paul Hanquier sur 1 000 m et en monoplace sur 500 m.
Cet évènement fut déjà marqué par le privilège que notre discipline soit retenue pour un vol de prestige à bord du Concorde pour nous rendre à Montréal (nous étions 100 privilégiés à bord). Avant le décollage une réception était organisée à l’aéroport de Roissy avec un grand buffet, champagne compris (de mémoire je crois que je me suis abstenu !) Nous avons décollé vers 10h de Paris pour arriver à 9h heure locale à Montréal après 3 heures de vol (nous aurions presque pu y reprendre notre petit déjeuner !)
La cérémonie d’ouverture fut un moment inoubliable, épuisante par l’attente mais tellement grandiose : se retrouver au milieu du stade avec les athlètes de tous les pays, toutes disciplines confondues. La musique qui nous a accompagnés lors du défilé, les bruits de la foule, m’ont vraiment fait ressentir que j’étais en train de vivre un moment extraordinaire.
Arrivée au village, l’ensemble de la délégation canoë et kayak a été réparti dans des appartements. La vie au village olympique était un peu perturbante, surtout pour une première participation. Tu avais plusieurs restaurants ouvert 24h sur 24 avec des cuisines différentes ; tu te promenais dans le village en croisant les grandes stars des autres disciplines. Je me suis même retrouvé dans l’ascenseur avec l’haltérophilie Russe Vasilli Alexeiev à l’époque réputé comme l’homme le plus fort du monde ; à vue d’œil il devait bien faire le double de mon poids. L’ambiance qui régnait était festive. L’échange de pin’s entre les nations était très à la mode à l’époque. Les soirées étaient parfois un peu mouvementées surtout quand certaines disciplines avaient terminé leurs compétitions, ce qui n’était pas le cas pour nous, les épreuves de canoë et kayak se déroulaient à la fin des JO et il ne fallait surtout pas se laisser distraire mais plutôt se concentrer sur notre objectif.
Dans le programme, étalé sur 4 jours heureusement, les courses de 500 m se déroulaient la veille de celles du 1 000 m. Notre priorité à Jean-Paul et moi était le K2H 1 000 m.
La course de K1 500m aux JO de Montréal :
Ces nouvelles épreuves olympiques sur 500m sont très indécises et se jouent pour quelques centièmes. Lors des qualifications, il fallait rester dans les 3 premiers pour passer. En série, à mi-course, j’avais choisi de laisser couler pour éviter de me mettre dans le rouge d’entrée. Il fallut vraiment s’employer lors des repêchages pour ne pas passer à la trappe. Paradoxalement, la demi-finale fut moins disputée me permettant d’accéder à la finale. Finale que j’ai ratée, je ne saurais dire si c’était le stress, mais dès les premiers mètres je n’avais aucune sensation, rien dans les bras. Je me suis battu tout le long de la course pour finalement terminer à la 9ème place avec une grande déception. Je savais que je ne pouvais pas jouer parmi le top 5 mais la 6ème place me paraissait abordable mais, pour cela il m’aurait fallu gagner une bonne seconde.
Voici les résultats de ces courses de K1 500 m
La course K2 1 000 m avec Jean-Paul Hanquier :
Notre entrée en matière ne fut pas exemplaire. Après un départ relativement bon au 250m nous étions en 4ème position mais avec beaucoup de difficultés et voyant que nous n’avions aucune chance de passer directement en demi-finale, nous avons relâché pour nous réserver pour les repêchages et ainsi avoir l’opportunité de choisir notre demi-finale. Lors du repêchage, en fonction de notre place, nous pouvions choisir la demi-finale où nous souhaitions aller. Avec Jean-Paul nous avions le choix entre la première place ou la seconde place de préférence mais surtout pas la troisième. Nous avons fait second, derrière les Roumains. Lors de la demi-finale nous terminons à la 3ème place ce qui nous permet d’accéder en finale.
En finale, nous nous retrouvons au couloir 7 entre les Belges et les Canadiens. On savait que les Belges avec Jean-Pierre Burny et Paul Hoekkstra partiraient très vite. Dès le départ nous n’avons pas souhaité partir trop vite pour éventuellement récupérer leur vague, ce que nous fîmes jusqu’au 750 m ce qui nous a permis de faire un dernier 250 m très rapide pour terminer à la 4ème place derrière l’URSS, la DDR et la Hongrie.
Voici les résultats des courses de K2 1 000 m.
Alain Lebas février 2024
Témoignage recueilli par J-Paul Cezard
Les témoignages n’engagent que leurs auteurs.