Les Jeux olympiques de Séoul 1988 vus par Claudine Le Roux
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Claudine Le Roux est née en 1964. Elle commence le kayak à 19 ans à Inzinzac-Lochrist, sous les conseils de Dominique Le Bellour et de Yves Lorcy. Grâce à son passé sportif polyvalent, elle intègre dès 1986 l’équipe de France course en ligne et rejoint le club de Pontivy qu’elle ne quittera plus. Après les Jeux olympiques de 1988 à Séoul en K4, elle participe à des courses internationales en marathon et aux mondiaux de course en ligne en 1993, 1994 et 1995 également en équipage. Elle finit sa carrière internationale en tant qu’athlète en K2 au championnat du monde de marathon de 1996 à Vaxholm en Suède avec son équipière de club et poursuit une carrière d’entraîneur en France et à l’étranger notamment avec les équipes anglaises de sprint de 2000 à 2010.
Voici quelques souvenirs de mes premiers et seuls Jeux olympiques à Séoul en tant qu’athlète.
Une préparation des filles inédite pour les JO de Séoul, le pays du matin calme
Dès l’automne 1987, huit filles ont été sélectionnées pour tenter de se qualifier et de performer en K4 aux JO de Séoul. Nous étions presque toutes internes à l’INSEP : Marie-Laure Carré, Sylvie Cuvilly-Joyez, Virginie Vandamme-Bayle, Nathalie Verpy, Valérie Jules et moi-même Claudine Le Roux. Béatrice Basson-Knopf, déjà professeure d’EPS, mariée et maman d’une petite fille, habitait non loin de là ainsi que Bernadette Brégeon. Les objectifs des entraîneurs, dont Guy Lyon notre référent, étaient de nous faire progresser à partir d’entraînements intenses, de stages à l’étranger (Hongrie, Espagne), de tests réguliers et de confrontation en kayak monoplace et entre les deux K4 composés.
Aux régates de Szeged, trois équipages de K4 filles français étaient engagés avec un bateau de Tahiti également formé cette année-là sous la houlette de François Barouh. Suite à cette course, le K4 olympique a été définitivement formé par les coachs en prenant 2 filles de chaque bateau. Seules les régates de Nyköping en Suède en mai nous ont permis de nous confronter en international.
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La préparation terminale des Jeux en France puis en Corée
Les jeux de Séoul se déroulant en septembre, nous avons effectué des stages à Bordeaux et à Temple sur Lot avec toute l’équipe olympique, entrecoupés pour nous, des championnats de France à Tours.
Notre voyage vers la Corée s’est déroulé dans des conditions particulières accompagné par le célèbre cheval « Jappeloup » !
Nous avons passé quatre semaines en Corée dans un très bel endroit mais nous étions constamment surveillés par des militaires.
Nos séances d’entraînement se déroulaient en K1 ou en K4. Nous étions équipées des premières pagaies creuses, les « Wing » qui étaient apparues lors des championnats du monde de Malines en 1985. Le passage des pagaies Struer à la Wing s’est fait assez rapidement dès 1986. Nos pagaies étaient longues (2,16 m à 2,17 m) et avaient de grosses pales.
Nous avons participé à la cérémonie d’ouverture, grandiose et très colorée. L’équipementier était Adidas et j’ai gardé une partie de ma tenue dont la montre numérotée Pequignet.
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Dans le village olympique et aux alentours, il était possible de croiser brièvement des athlètes de renom tels, Lewis, Griffith-Joyner, Plewinski, Pérec et j’en passe. L’esplanade au centre du village permettait de s’asseoir et de sympathiser avec les athlètes d’autres nations ; de ces échanges je garde encore des pins et des drapeaux.
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Le déroulement de nos courses olympiques
Le bassin olympique très venté, à proximité de la rivière Han, était à 3/4 d’heure de route du village olympique.
Nous avons couru la demi-finale du K4 dame, la même journée que le K2 1 000 m de Boccara-Boucherit qui devait prendre le départ juste après nous.
Concernant nos courses, il faut se rendre à l’évidence : nous n’étions pas suffisamment compétitives et manquions cruellement de puissance face aux grandes athlètes des pays de l’Est notamment. Nous finissons à quatre secondes de la qualification en finale et bien sûr ressentons alors une grande déception. Nous avions donné notre maximum et avons participé avec conviction et bien accompagnées, notamment par Guy Lyon et la fédération.
Résultats course K4 D (lien) https://www.olympedia.org/results/255919
Lors de ces JO, peu de Français étaient présents à Séoul mis à part l’équipe d’encadrement et Annette Val, juge internationale. Nous avions cependant comme supporters, les conjoints de deux équipières : Jean Marc Joyez, mari de Sylvie et Olivier Bayle, mari de Virginie Vandamme.
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Le retour des Jeux de Séoul
Le retour a été un peu dur car, au moment des JO, tout est exacerbé, dont la pression du résultat !
J’avais l’impression d’avoir déçu du monde. Ce sentiment a eu du mal à s’estomper et j’ai mis du temps à reconnaître qu’aller aux JO n’est pas donné à tout le monde.
La fête et la reconnaissance de mon club, de mon entraineur Jean-Pierre Laffont et de mes partenaires locaux (Banque Crédit Agricole, Région, ville de Pontivy) ont été énormes et j’ai mesuré alors la chance et l’expérience très riche de cette participation olympique.
J’étais la première kayakiste course en ligne bretonne à participer à des JO. J’ai pris conscience plus tard, de l’importance de ce résultat. Il provenait de l’impulsion et de la dynamique bretonne de l’époque avec les Trégaro, Laffont, Le Leuch, Clévidy qui ont marqué le développement de la course en ligne en Bretagne. L’état d’esprit breton « inclusif » nous a valorisé et accompagné avec bienveillance lors de toutes ces années de préparation.
Le bilan d’une participation olympique
Je suis fière d’être reconnue comme «Olympienne». Je vais participer à l’animation de la flamme olympique qui va passer à Cesson-Sévigné et à Pontivy, ma ville de cœur. Pour moi, le message à faire passer aux jeunes est l’importance de construire «son» propre projet qui pousse à se préparer et à progresser. Il n’y a pas que le «gagner» qui est important mais aussi le parcours commun élaboré et exploré, notamment avec les entraîneurs et les accompagnateurs du quotidien (famille, partenaire d’entrainement etc…). Leur présence humaine montre souvent, qu’avec un soutien bienveillant, rien n’est impossible. L’importance reste de participer avec envie, motivation, détermination et plaisir bien sûr, en optimisant au maximum ses possibilités pour être là quand ça compte.
Claudine Le Roux (Mars 2024)
Témoignage recueilli par Sylvaine Deltour
Les témoignages n’engagent que leurs auteurs