Les JO de Barcelone 1992 vus par Sabine Kleinhenz, 6e en K1D et 10e en K2D

Sabine Kleinhenz — Photo FFCK. M. Chapuis

Sabine Kleinhenz, d’origine allemande, est née en 1962. Elle découvre le kayak à 21 ans lors de ses études universitaires à Grenoble, entourée de bons spécialistes de l’activité.
En équipe de France slalom jusqu’en 1987 (6e au pré-championnat du monde de 1986), elle change de discipline pour performer en descente de rivière où elle devient double championne du monde en 1989 à Savage-River aux USA.

En 1990, nouveau changement de discipline ! En route pour la course en ligne avec un projet ambitieux : les JO de Barcelone 1992 puis les JO de 1996 à Atlanta. Elle parvient, par deux fois, à se hisser en finale olympique.

 

Mes premiers JO, furent une grande fierté personnelle car je n’ai découvert cette discipline olympique qu’en 1990. Je venais du monde de la descente de rivière et, après mon titre de championne du monde en 1989 aux USA sur la Savage River, je voulais goûter à la course en ligne, discipline olympique. J’avais comme objectif ambitieux de participer aux JO en K1, K2 et en K4.

Une cérémonie d’ouverture à Temple-sur-Lot…

J’aurais bien voulu participer à la cérémonie d’ouverture, mais le choix de l’équipe était de rester sur le lieu de stage à Temple-sur-Lot le plus longtemps possible. Nous avons simulé l’ouverture avec l’équipe canadienne qui partageait le lieu de préparation avec l’équipe de France. C’était sympathique mais j’étais très déçue.

Cérémonie d’ouverture conviviale à Temple avec Anne Michaut en porte drapeau et Sabine juste derrière. — Photo Coll A. Michaut

Les athlètes Mc Donald et Ferguson (champions olympiques en 88) m’avaient parlé de l’énergie et la chair de poule que cela procurait en défilant dans le stade olympique.

Je me suis promise d’y participer coûte que coûte aux Jeux suivants.

 

Les petites innovations de ma préparation

J’étais assez indépendante et toujours à la recherche de petites innovations pour optimiser tous les paramètres de ma performance.

Ainsi j’ai eu l’idée de fabriquer une combinaison avec cagoule pour les JO en cas de vent de face, histoire de diminuer les résistances. Elle est visible au Musée du sport de Cruas (07). Ce projet venait de l’observation de l’athlète américaine de 100 m Florence Griffith Joyner, qui courait avec une combinaison cagoule.

Sabine et sa combinaison avec cagoule. — Coll S. Kleinhenz

J’étais aussi la fabricante de mes propres jupettes de course en ligne en lycra étanche que personne n’utilisait et ne connaissait à l’époque.

J’avais testé aussi le fart de glisse lors des championnats du monde de Vaires en 1991. Mon bateau était resté longtemps chez les juges qui se demandaient ce qu’étaient les traces sur le bateau noir. Voulant éviter les problèmes lors du contrôle de bateau aux JO de Barcelone, j’ai fait peindre le K1 et le K2 (dans lequel je courais avec Bernadette Bregeon), avec une peinture spéciale gris métallisée, afin de pouvoir étaler le fart que j’utilisais sur le bateau sans laisser de traces.

Autre petite anecdote, dans les facteurs de la performance au moment des JO.  Mon ancien entraîneur de natation est venu spécialement d’Allemagne pour me soutenir et m’encourager aux Jeux. Le jour de la finale, derrière les gilles en amont du départ, il m’a encore donné de précieux conseils.

 

Analyse de mes courses

Le K2 avec Bernadette Bregeon, nous ratons la qualification à la finale pour 3 centièmes derrière les Danoises. Nous avions le niveau pour participer à la finale et  nous avons été très déçues.

L’équipage Kayak biplace Bernadette Bregeon-Sabine Kleinhenz. — Photo FFCK M. Chapuis

En K1, je finis 6e en finale à 2 secondes de la championne olympique qui n’est autre que Brigrit Schmidt. Celle-ci est la recordwoman de la course en ligne avec 6 participations aux JO gagnant douze médailles dont huit d’or. À Barcelone, je bats la Canadienne Caroline Brunet 7e, qui a participé à 5 JO et a été médaille d’argent à Atlanta en 1996. Du beau monde !

Résultats de la course de K1 D 500 m .

Sabine en K1 monoplace avec sa tenue cagoule et la jupe lycra.

Pour l’histoire, la 3e de la course des JO de Barcelone, la Polonaise, avait été suspendue pendant 2 ans pour dopage et était juste revenue l’année des Jeux … Dur de concourir contre des athlètes ne respectant pas les règles… Je pense que quand on se fait attraper, on devrait être interdit à vie pour les compétitions internationales, championnats du monde ou Jeux olympiques… C’est mon avis personnel.

 

Sabine Kleinhenz (février 2024)

Témoignage recueilli par Sylvaine Deltour

 

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