Les JO de Moscou 1980 vus par Béatrice Basson-Knopf

Béa Basson-Knopf

Béa Knopf est née à Mulhouse fin juin 1958. Elle découvre très jeune le kayak avec son frère et ses parents à Mulhouse. À 14 ans, elle pratique la course en ligne en compétition et à 16 ans, elle commence sa carrière internationale. Son premier club a été l’ASCMR (Association Sportive des Cheminots de Mulhouse-Riedischeim). Ensuite, elle intègre la section sport-étude de Besançon dirigée par Yves Lété à l’époque et rejoindra naturellement le club local où elle s’entraînait : le Sport Nautique Bisontin (SNB).

Mes mentors. Ils m’ont guidée et aidée. Jean-Paul (Haeguele) a été celui qui était toujours présent sur la base nautique de l’Ill où j’ai fait mes débuts à Mulhouse puis sur la base nautique de l’ASCMR.

Bien sûr, il y avait aussi celui qu’on appelait affectueusement « le Père Henri » (Henri Eberhardt), premier puis double médaillé olympique 1936-1948 pour la France. Ce « bonhomme » jovial toujours actif et vêtu soit d’un simple maillot de bain soit avec sa tenue d’atelier. En effet, associé à Jean-Paul, ils nous construisaient notre flotte de bateaux de course en ligne. Le père Henri a été un conseiller discret mais efficace. C’est lui qui m’a aiguillée vers mon premier titre de championne de France cadette en 1975 à Bordeaux ainsi que vers mes premiers podiums juniors à l’international. Il m’a aussi aidée à faire le choix difficile de quitter Mulhouse pour entrer en section sport-études à Besançon.

Enfin, il y a eu Yves (Lété), responsable de la section sport-étude de Besançon. Il est celui qui a pris le relais pour me conduire progressivement vers les JO.

 

LES JO DE MOSCOU EN LIGNE DE MIRE

Photo 1 : Mishka, la mascotte des J.O. en noir et blanc. Photo 2 : Béa, accréditation olympique autour du cou, rentre son bateau au hangar (couverture) Photo 3 : Mishka, la mascotte des J.O. en placage de bois — Coll. B. Basson-Knopf

 

D’abord, le côté matériel

Je naviguais dans un Ranger. En fibre de verre, made in club de Mulhouse-Riedisheim dans mes débuts et en section sport-étude. Puis un Ranger bois pour les courses nationales et en équipe de France. Ce bateau était conçu pour les poids légers et il était très rapide sur le plat.

J’ai longtemps pagayé avec une pagaie hongroise que l’ami « Nenes » (Patrick Genestier) m’a rapportée de Hongrie. Merci « Nenes » de Besançon. Toi aussi tu as été important dans mon bien-être ainsi que tout le club du SN Besançon support de notre section sport-étude.

Cette pagaie était à ma mesure et j’avais des ailes avec elle. Elle mesurait 2m16 avec une petite pale. Le passage à une pagaie « Struer » 2,18m petite surface s’est plutôt fait pour suivre le mouvement… Je m’y suis bien adaptée car j’étais en pleine croissance et la quantité d’entraînement faisait effet.

 

Ma progression internationale

Je commence à m’affirmer sur le parcours international en 1977 : 8e aux championnats du monde à Sofia. En demi-finale j’ai été portée par les encouragements d’un public de l’Est : « Francia, Francia », un souvenir magnifique.

Sur ma lancée en 1978, je me classe 6e aux championnats du monde de Belgrade et surtout on est toutes dans un mouchoir de poche pour le podium. C’est là que mon ambition de médaille s’est affirmée.

 

MOSCOU, ENFIN LES JO

Avec Pierre Langlois, céiste, nous étions l’un pour l’autre des appuis forts pour gérer la pression et pour découvrir le village olympique. C’est après nos courses que nous avons vraiment profité des cultures culinaires des différents pays proposées au village olympique. L’ambiance olympique nous a vraiment fait vibrer lors de la cérémonie de clôture des JO.

 

Et ma course dans tout ça ?

Désolée pour la médiocre qualité des images qui vont suivre extraites de reportage de la fédération internationale de canoë-kayak. Je n’ai pas mieux à vous offrir.

Je suis ici au coude à coude avec Birgit Fisher (RDA) future championne olympique. — Coll. B. Basson-Knopf

 

Ma principale qualité était ma vitesse sur la 1re partie de course. Mes difficultés se manifestaient lorsque je n’arrivais plus à tenir mon kayak dans ses lignes de vitesse optimale.

Parler de ma préparation n’est pas simple. Mes routines m’ont fait progresser d’année en année. Je suis arrivée aux JO au top de ma forme. Voici des images extraites du film de la finale que l’on trouve sur YouTube.

Ma finale olympique à Moscou : départ / premier tiers / deuxième tiers — Coll. B. Basson-Knopf

 

À 22 ans, je termine 8e aux Jeux olympiques de Moscou en K1 500 m, l’épreuve reine et j’en suis fière.

 

Les temps forts de Moscou

La médaille du « Cheu » (Alain Lebas) bien sûr ! C’était énorme. Il avait tant révisé sa Marseillaise…

Podium d’Alain Lebas second en K1H 1 000 m — Coll. B. Basson-Knopf

 

– Le K2 dame, Valérie Leclerc et Anne-Marie Loriot, qui surgit de l’arrière de la course pour terminer 6e

l’équipe féminine au complet : je suis en K1 et Valérie Leclerc, Anne-Marie Loriot sont en K2 — Coll. B. Basson-Knopf

 

La « com » en 1980

Il n’y avait pas encore les réseaux sociaux mais des télégrammes ou des courriers de supporters. Des soutiens qui réchauffent le cœur !

À gauche : un télégramme de soutien / À droite : un courrier de soutien — Coll. B. Basson-Knopf

 

La cérémonie de clôture

Lors de la cérémonie de clôture des JO, l’entrée dans le stade était libre pour les athlètes. J’ai donc couru comme une folle pour y pénétrer dans les premières. C’était gigantesque ! Les délégations se sont regroupées dans le stade pour apprécier les prestations sublimes. Une belle cérémonie, remplie de spectacles divers, ponctuée par un feu d’artifice.

Ça sonnait aussi la fin des JO, mais sans nostalgie aucune… J’avais fait le plein d’émotions.

 

De retour à Paris

Comment résister à un voyage amical en Chine dans le cadre d’échanges internationaux pour clore cette saison ?

À gauche : Notre interprète chinois parmi nous. / À droite : Au premier plan , notre K4 avec une partenaire chinoise. — Coll. B. Basson-Knopf

Ce fut pour moi un beau voyage assorti d’un titre honorifique de championne de Chine !

 

Béa Basson (février 2024)

Témoignage recueilli par Jean-Paul Cézard

 

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