Les JO de Moscou 1980 vus par Patrick Bérard
Patrick Bérard est né en décembre 1959. À Moscou, il n’avait que 21 ans, et ses souvenirs sont lointains : « Il y a près de 45 ans et ma mémoire étant assez mauvaise, je ne pourrai évoquer clairement tout ce qui concerne ma préparation olympique (composition de l’équipage, préparation spécifique au K4, anecdotes sur la vie au village, etc…). La solution, pour moi, est de commenter certaines photos qu’on s’est échangé suite aux Jeux. »
Moscou aura été sa seule participation aux Jeux. Son club de toujours est l’Association Sportive Mantaise (AS Mantes – Yvelines).
AVANT LES JO, UN CONTEXTE GÉOPOLITIQUE DÉSTABILISANT
Rappels : le 27 décembre 1979, les troupes soviétiques envahissent l’Afghanistan. La guerre soviéto-afghane durera plus de neuf ans. Jimmy Carter, président des États-Unis veut profiter des Jeux olympiques pour poser un ultimatum à l’URSS pour qu’elle retire ses troupes, et demande au Comité Olympique Américain de boycotter les JO de Moscou. Bien sûr, la réponse de Moscou sera négative. En mars 1980, les États-Unis se retireront des JO de Moscou entraînant avec eux plusieurs autres nations.
En Janvier 1980, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) décidera officieusement de participer aux JO mais il faudra attendre le mois de mai pour que cette décision soit entérinée définitivement par le Conseil d’administration (après de nombreuses tractations entre pouvoirs publics, CNOSF, comité des athlètes, entraîneurs de haut niveau…).
LA PRÉPARATION POUR LES JEUX ET LES SÉLECTIONS
Remarque préliminaire : je tiens à souligner que j’ai couru en K4. Je me souviens un peu de nos courses mais ne souhaite pas les commenter. Mes commentaires pourraient ne pas être partagés par mes coéquipiers. Pour cette raison, je m’abstiendrai d’entrer dans les détails qui, d’une part, pourraient être « déformés » par les oublis et, d’autre part, mal interprétés ou jugés comme étant faux ou décalés.
Ceci précisé, je n’ai pas souvenir que la préparation et les sélections dans le contexte géopolitique décrit ci-dessus aient été mal vécues par les kayakistes français. On s’entraînait comme si de rien n’était en attendant une décision officielle (boycotter ou non).
Les sélections fédérales ont été organisées sur trois semaines : deux courses par semaine, 2 x 500 mètres pour les dames, 500 et 1 000 mètres pour les hommes à chaque fois. Un classement effectué à l’issue de ces piges puis un comité de sélection et la constitution d’une équipe assez restreinte (7 bateaux) soit 4 de moins qu’aux précédents Jeux :
Chez les dames : Béatrice Knopf en K1D 500 m / Valérie Leclerc – Anne-Marie Loriot en K2D 500 m.
Chez les Hommes : Patrick Lefoulon en K1 500 m / Francis Hervieu – Alain Lebas en K2 500 m et K2 1 000 m (Alain Lebas courra finalement le K1 au lieu du K2 1 000 m).
François Barouh – Patrick Bérard – Philippe Boccara – Patrick Lefoulon en K4 1 000 m.
Chez les canoéistes : Franck Lambert – Pierre Langlois en C2 500 m.
Décision étonnante des sélectionneurs. J’ai une pensée pour Didier Hoyer, jeune espoir vainqueur des sélections, très déçu de ne pas avoir été retenu en canoé pour ces Jeux. Il s’en souviendra longtemps mais on le retrouvera aux suivants avec grand plaisir.
LES JO DE MOSCOU
Comme indiqué plus haut, ce sera tout en images.
LES COURSES DES FRANÇAIS(ES)
Je ne commenterai pas plus ces courses que la mienne… Tous les résultats sont disponibles sur Internet.
Pour ma course de K4, je me limiterai juste à deux anecdotes qui me reviennent :
1- Notre K4 ne faisait pas le poids minimal imposé, on l’a fait tremper avant de le faire contrôler à nouveau…
2- Par ailleurs, je me souviens d’un orage au moment de la finale du K4 qui a provoqué d’assez violentes rafales. Les bateaux légèrement abrités par les grandes tribunes d’arrivée ont sans doute su profiter de l’opportunité. En effet, les 4 premiers bateaux à franchir la ligne d’arrivée étaient en lignes 6-7-8-9… Ce sont les aléas du plein air mais je ne prendrai pas le fait d’avoir couru en ligne 4 comme excuse pour justifier notre 6e place [1]!
CERISE SUR LE GÂTEAU, LE PODIUM DE LEBAS
On se souviendra longtemps de cette belle médaille chèrement gagnée qui nous permit de ne pas rentrer bredouilles. Terminer deuxième derrière l’intouchable Rudiger Helm (RDA), une performance incroyable, un exploit retentissant ! Alain en parlera mieux que moi dans son propre témoignage.
POUR FINIR, UNE PENSÉE POUR LE STAFF
Patrick Bérard (mars 2024)
Témoignage recueilli par Jean-Paul CEZARD
Les témoignages n’engagent que leurs auteurs
[1] A la lecture des résultats, on voit l’évolution. Le K4 français s’était qualifié directement en finale avec le second meilleur chrono des séries. Les Russes chez eux avait fait de même avec le meilleur chrono des séries. Ces derniers, en ligne 2, ne finiront que 7es de la finale à plus de 2 secondes des Français. Les Suédois (ligne 1), troisième meilleur temps des séries, ne termineront qu’à la dernière place. Ces faits troublants pourraient corroborer la thèse d’un vent défavorable pour certains bateaux plus exposés que d’autres.