Les JO de Rio 2016 vus par Manon Hostens

Manon Hostens à l’entraînement sur l’eau. — Coll. M. Hostens

Avant de faire du kayak, j’étais très multisports. Le mieux, c’était l’UNSS au collège. Je m’inscrivais à toutes les activités possibles. Je n’arrêtais pas et c’était vraiment mon kiff. Je pense que j’étais accro. Quand j’étais en manque et que je devenais trop chiante, mes parents me faisaient faire le tour de la maison plusieurs fois pour me calmer. J’ai commencé par la danse, un grand classique pour une fille. J’ai pratiqué l’escalade, de la gym, du karaté et du tennis. Mes parents avaient une règle : si on voulait pratiquer un sport, on prenait une licence et on devait s’y tenir la saison entière. Puis, on pouvait continuer ou changer selon nos goûts. C’est comme ça que j’ai aussi pratiqué le basket, l’équitation, le badminton,le volley, l’athlétisme… et le kayak bien sûr. C’est ce qui m’a donné la caisse c’est-à-dire la base foncière et le physique qui me caractérisent aujourd’hui. J’aime la compétition.

C’est au lycée que s’est posée la question de rejoindre un pôle espoir. J’ai choisi le kayak plutôt que le basket. Il y avait l’attrait du plein air et des sorties en pleine nature. J’étais plutôt branchée eau vive, « navigation plaisir » d’abord puis compétition descente. Étant du Sud-Ouest, mon frère étant aussi kayakiste, on s’est retrouvés tous les deux au pôle de Pau. Là, il y avait un coach dédié, un entraînement structuré et planifié, des activités physiques annexes… Tout pour me faire progresser rapidement. Bref, l’accès à la haute compétition s’est fait progressivement mais assez vite.

 

AVANT LES JO DE RIO

Mai 2016, dans la chambre du Formule 1, mon lit est à cinquante centimètres de celui de mon père qui ronfle. C’est la veille des sélections équipe de France et c’est la première fois de ma vie que je me dis que les Jeux olympiques sont possibles. Maintenant, ma vie olympique peut commencer…

À 21 ans, pour ma première participation aux sélections équipe de France senior de course en ligne, je gagne ma place dans le K4 500 m pour les JO de Rio avec Sarah Troel, Léa Jamelot et Amandine Lothe.

 

Le K4D des JO de RIO.

Le K4D : Amandine Lothe, moi, Sarah Troël et Léa Jamelot. — Coll. M. Hostens

La première pensée que j’ai eu c’était « j’espère qu’ils me laisseront concourir les championnats du monde de descente » … Eh oui j’étais dans un double projet sportif qui me tenait énormément à cœur. J’avais gagné ma sélection en descente deux semaines plus tôt. Cela faisait trois ans que je courais après le titre de championne du monde, après avoir enchaîné les secondes et troisièmes places. C’était inconcevable pour moi de ne pas aller au bout de ce défi sportif et d’abandonner mon rêve en descente. Heureusement mes coéquipières ont été compréhensives et n’y ont vu aucune objection une fois que le staff eut accepté ce petit aparté à Banja Luka dans la préparation olympique. Je me souviens de Vincent Olla (directeur des équipes de France à l’époque) m’avait dit : « Manon, tu peux aller aux mondiaux de descente, dans la planification ça peut s’agencer, la seule condition c’est que cette fois tu reviennes avec l’or ».

 

La préparation terminale.

Notre stage terminal nous l’avons fait en France au Temple-sur-Lot. C’est un lieu de stage qui nous convient bien car il est loin de l’engouement médiatique que les JO créent tous les quatre ans. En ce qui concerne le décalage horaire il est dans le bon sens, donc ce n’est pas la peine de se rendre deux semaines en avance sur place. Nous avons donc suivi et vécu la cérémonie d’ouverture au Temple-sur-Lot étant donné que nos courses sont la deuxième semaine des JO. Nous arrivons sur place seulement une fois que les épreuves d’aviron ont eu lieu sinon nous n’avons pas accès au bassin.

Cérémonie présentation de l’équipe au Temple-sur-Lot. — Coll. M. Hostens
Selfie de l’équipe en tenue officielle au Temple-sur-Lot. — Coll. M. Hostens

Après le stage terminal, rendez-vous à l’aéroport pour décoller pour Rio de Janeiro, juste cinq jours avant les séries qualificatives. Dans l’avion, je me trouve à côté de Léa Jamelot pour partir sur nos premiers Jeux olympiques.

Manon et Léa dans l’avion vers Rio. — Coll. M. Hostens

 

Le village olympique

Le village olympique était comme une mini-ville. Il y a des immeubles de délégations sportive par pays, des infrastructurs sportives exceptionnelles (courts de tennis, piscines, pistes d’athlétisme, salles de musculation…). C’est juste incroyable de se balader dans le village où tu croises tous ces sportifs que tu vois à la télévision, faire leur entraînements. On allait manger et on a vu Gael Monfils et Wilfrid Tsonga se faire quelques balles d’échange sur un court de tennis. Ou même, on a pu voir Usain Bolt faire son show sur son balcon avec sa médaille et l’enceinte à fond. C’est vraiment une ambiance unique qu’on ressent.

Panorama du village olympique vu depuis ma chambre. — Coll. M. Hostens

 

Collectif dame (Sarah Guyot, Sarah Troel, Léa Jamelot et Amandine Lothe) dans les anneaux olympique au village. — Coll. M. Hostens

 

Bassin olympique de Rio

Après plus d’une heure de bus pour arriver à notre lieu de compétition, nous voilà dans la baie de Rio au pied du Corcovado. C’est un beau bassin, même si il est un peu exposé au vent, nous avons eu de bonnes conditions d’entraînement et de compétition.

Panorama du bassin de Rio depuis le ponton d’embarquement. — Coll. M. Hostens

 

Ligne d’arrivée et zone mixte pour photos et interviews. — Coll. M. Hostens

 

LA COMPÉTITION

Pour notre première participation, toutes les quatre aux Jeux olympiques, nous avons terminé 12es de cette compétition. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes mais nous n’avons pas pu rivaliser plus que ça. Ceci dit, nous avons engrangé énormément d’expérience pour les compétitions futures.

Nous pouvons voir la déception du résultat sur nos visages à la fin des compétitions car lorsqu’on vient au JO, on souhaite toujours représenter au mieux notre pays. Nous étions donc déçues de ne pas avoir pu donner plus de spectacle à toutes les personnes qui nous soutiennent et nous suivent.

Le K4D en course à Rio. — Photo ICF – Balint-Vekassy
Incertitude puis déception à l’arrivée de la demi-finale. — Photo ICF – Balint-Vekassy

Lors des compétitions nous devions porter la même tenue. Seul les lunettes peuvent différer. Ici, Sarah préférait porter des lunettes type « lunettes de piscine ». Avec le vent et les projections d’eau de nos coups de pagaie, elle n’y voyait rien sans cette paire étanche et protectrice du soleil.

 

L’APRÈS-COMPÉTITION

Rien de mieux que de rejoindre nos familles pour partager un temps convivial à la sortie de l’eau avec les supporters de la Tribu et le staff et nous redonner un peu le sourire. Il nous reste encore deux jours au village avant la cérémonie de clôture et le retour en France. Nous avons la chance de récupérer des places avec Amandine pour aller voir et encourager l’équipe de France masculine sur le quart de finale en basket contre l’Espagne. Ils ont malheureusement perdu mais c’était le dernier match international de Tony Parker.

On se régale à France-Espagne en basket. — Coll. M. Hostens

 

Pas de cérémonie d’ouverture mais une belle cérémonie de clôture.

La cérémonie de clôture, c’est vraiment la grande fête du sport ! C’était une expérience incroyable, surtout à Rio avec leur tempérament festif. À cause de la pluie, c’était exceptionnel, nous avons tous fini dans des ponchos en plastique. À la fin tous les athlètes ont rejoint les danseurs au milieu du stade pour danser avec eux, échanger les costumes et dotations, c’était un grand moment de partage entre tous les bénévoles, danseurs, organisateurs, athlètes et entraîneurs. De retour en France nous avons été accueillis à l’Élysée et fait la promotion de la candidature de Paris 2024.

Cérémonie cloture, moi ; Sarah et Amandine. — Coll. M. Hostens
Promo Paris 2024, Maxime, Cyrille, moi, Thomas et Étienne. — Coll. M. Hostens
Cérémonie cloture, le carnaval. — Coll. M. Hostens

 

Manon Hostens (février 2024)

Témoignage recueilli par Jean-Paul Cézard

 

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