Hommage à Michel Chapuis prononcé par Sylvaine Deltour
Michel CHAPUIS : Gloire du Sport 2022
CNOSF le mercredi 7 décembre 2022
« Panégyrique » Hommage rédigé et prononcé par Sylvaine Deltour
Merci à la Fédération des Internationaux du Sport Français d’accueillir ce soir monsieur Michel Chapuis comme Gloire du Sport !
Michel a marqué et marque encore le Canoë Kayak dans trois dimensions : par ses incroyables résultats sportifs des années 1960, par sa passion pour transmettre et pour communiquer et par son talent artistique pour émouvoir.
Michel est en effet un immense sportif polyvalent dans les trois disciplines majeures du CK : la course en ligne, le slalom et la descente de rivière. Une carrière singulière et unique dans le monde du Canoë-Kayak !
– En 1964 aux Jeux Olympiques de Tokyo, Michel et Jean Boudehen, remportent la médaille d’argent en Canoë double (C2) sur 1000 mètres.
– En 1967, aux championnats du Monde de slalom à Lipno en Tchécoslovaquie, Michel est sélectionné par Jean Olry, entraîneur national, à la course par équipe en canoë monoplace.
– En 1969 enfin, à Bourg St Maurice sur l’Isère, associé à Alain Feuillette (gloire du sport 2015 et ici présent) en C2 homme, il est double champion du monde de descente en individuel et en équipe.
Dans ces aventures sportives gagnantes,il est toujours question de défi collectif, d’audace dans le choix des bateaux et de préparation sans faille.
Michel, découvre le canoë-kayak à Montbéliard grâce à son professeur d’EPS, Gilbert L’Hôpital.
Le club de Montbéliard n’existant pas encore, sa première licence est prise au club TCF d’Huningue chez Fernand Lamy.
Au printemps de 1961, alors sous les drapeaux à Paris en tant que mécanographe de l’armée, il participe par hasard aux tests de détection à l’Institut National des Sports (INS) en accompagnant un camarade de club, Michel Belorgey.
Grâce à ses qualités athlétiques et sa formation physique complète, il est tout de suite repéré par Georges Dransart, entraîneur national de la FFCK. Et là tout s’enchaîne et se bouscule : il entre dans « l’écurie Dransart » (on parlerait plus de team actuellement !). Il partage cette « écurie » avec trois autres kayakistes dont une femme : Gisèle Charlon d’Annecy qui deviendra son épouse et une formidable complice.
Lors de l’hiver 61-62, il apprendra, quasiment seul sur la Marne, les premiers rudiments pour naviguer et aller droit dans un canoë course en ligne très instable. Muté au Bataillon de Joinville (B.J) au printemps 62, il s’entraîne fort, porté par l’espoir que Jo avait mis en lui. A l’automne 62, le stratège Dransart, l’associe à l’expérimenté Jean Boudehen nouveau cadre au B.J. Dès les premiers coups de pagaie, un équipage se forme. Michel parle de « bateau merveilleux qui avançait vite, de sensations incroyables »
En une année et demie, l’équipage va énormément progresser et s’imposer au plan français mais rester plus discret au niveau international jusqu’à cette finale des Jeux Olympiques.
Cette médaille d’argent est-elle « une espèce de miracle » comme l’a parfois dit Michel ? C’est plus objectivement le résultat d’un pari osé sur le choix d’un nouveau bateau plus stable du constructeur Struer, le « Sitka », repéré par Jean à Copenhague quelques mois auparavant et livré directement à Tokyo. Bien sûr, la préparation physique et la technique ont été déterminantes : puissance, coordination des appuis et surtout, dans les derniers mètres vers la médaille derrière les Russes, le maintien de la direction assurée avec « obsession » par Michel à l’arrière du bateau !
Ce même pari pour une innovation matérielle de dernière minute avec le bateau le « Tube », conçu par Alain Feuillette, a été l’élément clef de la razzia des C2 français à Bourg St Maurice en 1969 lors des championnats du Monde de descente…
Jean Boudehen quant à lui, termine 1er de ces mondiaux 69 en canoë monoplace après avoir disputé les Jeux de Mexico 1968 en K4. Il meurt prématurément à l’âge de 43 ans.
Michel, après un emploi de photographe dans la période 63-68, est entré, après deux ans de formation, dans la grande famille des cadres techniques d’État pour une vie de passeur, d’organisateur, de communiquant, de théoricien, de responsable syndical loyal et de pédagogue infatigable…
Michel a une réputation de technicien exigeant visant le geste juste, la « fine pagaie ». Il aime questionner, observer, comprendre les fonctionnements biomécaniques pour mieux expliquer les principes qui font de la pagaie simple ou double un outil fabuleux dans toutes les disciplines.
On ne pourra pas détailler aujourd’hui toutes les productions et traces de cette belle carrière professionnelle !
Il reste néanmoins des collections complètes de revues, de bulletins ; des livres, des films, un blog et des milliers de photos bien numérisées et répertoriées…
En effet, Michel s’est servi de son passé de photographe pour saisir la beauté des hommes naviguant sur l’eau et contribuer à l’enrichissement de la photothèque de la FFCK et de celle de l’Amicale des Internationaux Français de Canoë Kayak.
Progressivement, et notamment après sa retraite en 2001, il passe beaucoup de temps dans le labo photo de sa MJC de Palente à Besançon. Il est reconnu et considéré dès 2003 par les professionnels de cet art en exposant ses propres œuvres, mettant en relief tous les aspects graphiques de la photo.
Pour finir, Michel, a le pouvoir de donner, de fédérer les hommes et les femmes dans les nombreuses associations et aventures humaines telles la chorale, moment unique de partage avec Gisèle.
Michel, au passé sportif glorieux est toujours en 2022, un homme de conviction, de terrain, animé par la flamme de l’excellence et du partage.
Dans son club de kayak de Besançon à l’école de pagaie le samedi matin et au sein de l’AIFCK comme secrétaire général, son expérience et son action sont toujours extrêmement appréciées.
Nous lui souhaitons de belles années à venir, de superbes productions artistiques et de nouvelles marques de reconnaissance, aussi gratifiantes que celle de Gloire Du Sport reçue ce soir !